Petit phoque
Petit
phoque aux yeux prune,
Tu jouais sous la lune.
Sur la banquise bleue,
Tu étais si heureux.
Ta mère t'avait dit,
"-Prends garde aux animaux
Aux étranges parures,
Qui viennent quelquefois
Sur des traîneaux de bois,
Dépouiller les enfants
De leurs chaudes fourrures".
Mais tu avais souri,
Tu étais insouciant
Comme tous les enfants,
Car tu ne savais pas
Que sur terre, on se bat.
Les hommes sont venus,
Tu as vu leur silhouettes
Se détacher au loin
Dans la brume violette
Et tu as vu l'enfer
Des armes et des coups
S'abattre sans pitié
Sur vos pelages doux.
Moi j'étais ton ami
Ô petit phoque gris.
Toi qui n'avais pour armes
Que tes cris et tes larmes.
Et je sais en mon coeur
Que malgré les années
Nulle neige d'hiver
N'effacera la trace
De vos petits corps pourpres
Et à jamais fanés.
Grandes stars, belles dames,
N'avez vous pas assez
Des pleurs de vos amants
Pour envoyer ainsi
Massacrer des enfants.
Car vous le savez bien
Que ces manteaux si chauds
Que vous trouvez si beaux
Ont fait couler des larmes!